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La Toussaint

”Mais qu'est-ce-que j'aurais bien aimé, encore une fois ..." 

 

 

 

Familles Delaissé - Wetz - Finck.jpg

 

 

 

Dans la pierre grise est taillé : "DELAISSE - WETZ - FINCK"

 

Mais un membre de ma famille m'avait demandé un peu froidement :

 

"Et c'est qui dans ce trou?"

 

Je suppose que l'on trouve encore, les restes mélangés des personnes suivantes : 

 

Guy Gustave Odile Marie Joseph DELAISSE - (19 mars 1916 - 6 septembre 1944) - le fils de l'éditeur en chef de La Meuse à l'époque. Inscrit dans les Volontaires du Travail à l' Armée Belge, pendant l'occupation par les Nazis, il refusait de porter une arme et de tuer avec.  (Un objecteur de conscience, en anglais). Néanmoins, après la démilitarisation, il était dans la Résistance, et est répertorié dans les textes sur ce sujet comme un véritable héros. Son corps a été retrouvé, flottant dans l'eau à Etang Maison Bois, un lieu dit près de Theux, avec une balle de 9 mm dans la cage thoracique postérieure gauche, et une seconde dans la nuque. Décoré à profusion à titre posthume. l'Oncle Léon racontait, mais seulement à la fin de ses 93 ans, que Guy avait été tué par Wolvert, un habitant de Stavelot qui était aussi dans l'armée blanche. Voici un souvenir d'une personne qui était là : qui avait vécu ces tristes faits. Et de tels renseignements passent d'une bouche à l'oreille de l'autre pour devenir ce que j'appelle 'les légendes de famille'. Il faut toujours s'en méfier un peu et faire un suivi avant de s'y mettre à les répéter. Dans ce cas, "Wolvert" s'était suicidé pendant une attaques des soldats Allemand sur des Résistants qu'il commandait, à proximité de Gouvy. Ceci le 4 février 1944. Guy Delaissé fût assassiné le 5 septembre 1944 (ou, un peu avant? un peu après?), mais donc, pas par un "Wolvert" décédé, Et je suppose, pas encore réssuscité.

 

Allez comprendre. lls sont tous mort maintenant, ces Résistants, et la guerre c'est l'enfer. On pourrait choisir de l'exprimer comme cela. 

 

Mais ...

 

On y reviendra à Guy, car les circomstances de sa mort, et son rôle dans la Résistance, et sa vie juste avant, sont tout, sauf claire. Mais les faits réels démontrent la rapidité avec lequel la vérité peut disparaître dans le trous de l'oubli.

 

 

 

 

 

Petite fille, morte née - (11 décembre 1943) Et avait-on déjà choisi son nom, et les meubles et tentures pour la chambre du bébé? Et combien de temps pour essayer de l'oublier, ce nom qui n'a jamais servi, que pour un test de mémoire ... Sa maman (devenue ma maman dans une autre vie), avait été blessée pendant un bombardement à Stavelot. Elle avait souffert d'une fracture du bassin, et avait perdu "la petite," mais jamais son courage. 

 

Stillborn.jpg

 

Susanna FINCK, épouse d'Edouard WETZ - (22 décembre 1873 à 18h - 24 janvier 1955) "Ma mère était une sainte," disait son fils Léon. Si vrai, nous voici à son jour de fête. A l'hôtel (1924 jusqu'à peu après la guerre), elle ne faisait qu'une chose : travailler jour et nuit. Excellente cuisinère. Ses jours commençaient vers 5 h30, en débutant les feux de charbon et de bois dans les poêles et dans sa belle cuisinière qui brillait comme un miroir. Et le travail continuait généralement jusqu'à tard dans la nuit. Après le souper, et le repassage du linge de l'hôtel, sa belle-mère frappait au mur de sa chambre à 2 heures du matin, lui demandant de préparer "des resschâfés crompîres ..." Et elle n'a jamais dit "... je suis fatiguée. Dort!" Je me souviens quand j'étais petit enfant, elle parlait rarement. Mais le matin, quand j'étais à moitié éveillé dans mon lit, j'étendai ma main droite pour toujours trouver au bon endroit, le biberon rempli de lait tiède, avec des jaunes d'oeufs battus, un peu de miel et aromatisé avec un peu de vanille. Grand-Mammi ne l'a jamais oublié. Et moi, comment pourrais-je l'oublier? 

 

  

 

  

Jean Joseph Edouard WETZ - (9 juin 1878 - 5 avril 1969) - boucher en rue Neuve, (il avait repris la boucherie de son père), et hôtelier Place Saint Remacle, à L'Hôtel du Perron. Neuf voyages après l'âge de 70 ans pour rendre visite à sa fille aux Etats-Unis, par bateau ou en avion. Un jour un copain à Stavelot lui demanda : "t'a n'in sôgne d'en n'allé si lôn? qu'umîn fay-ce pô d'nîn t'piète?" Réponse d'Edouard (mais en wallon bien sûr). "Je fais ma valise. Je monte sur le train à Stavelot. Je change à Verviers. Je descends à Bruxelles. Je monte sur l'avion, et je laisse faire le Capitaine." 

 

 

 

 

Edouard Jean Michel Franz WETZ - (27 novembre 1908 - 29 août 1990) - fils ainé d'Edouard et Susanna. Pendant que les autres travaillaient à l'hôtel, Michel se baladait en haute fagne en Lederhosen. Il avait fait des études de notaire, et ensuite est parti avant la guerre au Congo belge. Là, il était fonctionnaire et ensuite, Juge. Après 17 ans au Congo, il est revenu pour éventuellement acheter le Moulin de Cheneux à Chefosse. Un violoniste accompli, il participa, comme plusieurs de ses cousins, aux premières années du Festival de Stavelot. Son esprit subtil et sens de l'humour ont impressionné plus d'un.

 

 

 

 

 

 

Suzanne Henriette Charlotte Marie SCHUIND - (23 avril 1910 - 17 novembre 1995) - l'épouse de Michel WETZ. Suzanne était Prof de chimie avant la guerre, et résistante pendant ces conflits. Après leur retour du Congo, elle s'est occupée "du Moulin," de son fils Georges, des poules, des oeufs, et les vendre avec "Lelette" qui proposait le lait de sa ferme, pendant que Georges conduisait la camionnete pour faire la tournée.  

 

 

 

Berthe Marie José Jeanne Suzanne WETZ, (4 décembre 1914 - 28 septembre 2001) épouse en seconde noces de William James O'NEILL, aussi décédé, en 2006- la fille d'Edouard WETZ et Suzanne Finck. Beaucoups à dire sur une mère : Et beaucoup à resentir. Les enfants disent souvent trop ou trop peu sur celle qui leur a donné la vie. Quand nous étions petits, mon frère et moi, (et même après), elle aimait nous réciter beaucoup de poèmes par mémoire. Un de ces poèmes est intitulé : "Mère" et pend encore au mur dans son simple encadrement en bois, à sa place dans une chambre à coucher. Mais aussi, jusqu'à présent, semble trouver sa place encore dans ma mémoire :

 

"Quoi de plus sublime qu'une Mère :

D'autres t'estiment peut-être,

Seule ta Mère te connait,

Elle travaille pour toi,

Te protège,

T'aime,

Te pardonne tout, quoi que tu fasses,

Car elle te comprend,

Et le seul tort qu'elle puisse commettre,

C'est de mouirir et de t'abandonner."

 

Des connaissances à Stavelot, pendant une visite après son retour des Etats-Unis, lui demandaient :

"As-tu peur de mourir?" Et elle répondait en rigollant d'un grand sourire : "Non! Pas du tout! Mais au plus tard possible et sans me réveiller." Ses deux souhaits ont été exaucés dans la nuit du 28 septembre 2001.

 

Est-elle partie? À peine. Elle trouve sans faute, sa place dans chacun de mes jours, une présence pleine d'amour et de bon conseils.

 

 

 

 

Léon Marie WETZ - (6 décembre 1911 - 4 février 2006) - jeune maître d'hôtel, cuisinier, 50 ans économe dans les cuisines des hôpitaux aux Etats-Unis. Jamais très loin  de sa soeur, avec qui il aimait tant de se disputer, surtout en wallon. Il savait rire et faire rire comme peu savent le faire. Et son chapelet pend encore à sa place dans sa chambre, toujours en attente de ses doigts délicats et ses prières murmurées pour sa famille.

 

 

 

 

Georges Edouard WETZ - (21 avril 1949 à Léopoldville - 16 février 2013 à Pont de Cheneux, Stavelot, dans son Moulin). Les yeux du berger, mais le coeur de l'agneau. Un bon travailleur et serieux. Et l'humour de sa famille n'avait pas oublié de se manifester chez Georges. Il savait ce qu'il aimait et ce qu'il n'aimait pas et le faisait savoir sans difficulté pour ceux qui l'entourraient. 

 

 

 

 

 

Les entretenir, ces tas de pierres grises, est essentiel bien sûr ...

 

Comme certains de ceux qui se trouvent maintenant en dessous de ces petites pyramides l'on fait aussi à leur tour, quand ils étaient en vie.

Frotter. Essayer un nouveau produit pour les rendre plus belles? Pourquoi pas? Revenir vers une savonnée, de l'eau de javel, et frotter avec une brosse bien dûr.  Demandez toujours l'opinion de la personne occupée à frotter le monument voisin.

 

Très mal vu de les laisser tomber à l'abandon et eventuellement en fisures et poussières comme leurs contenus.

 

Pas assez de temps pour faire l’entretien pendant la journée? La Toussaint sera vite là!

Faites ce grand nettoyage même la nuit s'il le faut. Pllein de sons et de mouvements ombrageux pendant la nuit, mais qui rendent la visite plus intéressante je trouve. Et les lettres gravées sur la tombe commencent à fondre comme une pâte à gaufres trop fine.

 

IMG_2777.JPG

 

" ... pourquoi déjà, et où aller?"

 

Mais après un peu de nettoyage ...

C'est le moment de fleurir.

 

Commençons avec une rose blanche pour "la petite fille morte-née" et entourrée de 8 roses rouges pour les autres riverains :

 

8 red plus 1 white roses.jpg

 

Cela suivi de chrysanthèmes ... "les autres fleurs font se qu'elle peuvent." (comme l'avait chanté Monsieur Brel).

 

Un peu comme ceci :

 

 

 

 

 

 

En terminant par des belles bruyères à l'avant ...

 

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Ce jour (1 novembre), c'était la Toussaint.

 

Mais, après une visite au cimetière, il semblerait qu'à ce jour-ci, l’honneur est rendu plutôt aux âmes disparues, et plus particulièrement aux membres de sa famille. Ceci est traditionnellement attribué à la veille (le 31 octobre) - le jour de toutes les âmes, connu dans le passé dans les pays anglophones sous le nom de All Hallows Eve. (= Halloween). Pour faire honneur aux êtres canonisés par l'Eglise au cours des siècles, (Tous (les) Saints), il faudrait se retrouver à l'Eglise, ou dans une Chapelle dédiée à son saint préféré.

 

 

 

OK. Voici la tombe propre et bien fleurie.

Et à cette date commence également, la période sombre de l'année. Ne craignez pas, le soleil reviendra un jour d'avril.

 

Alors maintenant, qu'allez-vous faire avec le reste de votre vie? : La passer dans le cafard et la mélancolie?

 

Lorsque vous vous sentez lié par une chaîne à votre boulet au pied personnelle, il faut se lever, se bouger, danser quelques pas, et chanter avec Big Mama Thornton et vos 'blues' disparaîtront rapidement.

 

 

  "Ball and Chain" : Big Mama Thornton.

 


Un jour, quelqu'un découvrira dans un album (ou sur un CD, ou une clef USB) des photos de nous.

 

Et ils verront ces gens, beaucoup d’inconnus, faire ce que font les gens sur nos vieilles images.

 

 

 

 



01/11/2018
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